- BASQUE (PAYS)
- BASQUE (PAYS)BASQUE PAYSTraversé par une frontière politique et orographique, le Pays basque possède une forte unité ethnique, culturelle et linguistique, qui compense l’hétérogénéité du milieu physique. Sans jamais avoir formé un ensemble politique, les provinces basques espagnoles (Vizcaya ou Biscaye, Guipúzcoa et Álava) présentent les plus forts particularismes et abritent un mouvement nationaliste très actif, qui pose de sérieux problèmes à l’État espagnol. Région de contact entre des unités différentes (Pyrénées et chaîne Cantabrique, haut bassin de l’Èbre et Vieille-Castille), parcourue par un faisceau de routes fréquentées et débouchant sur un littoral animé, c’est un espace périphérique qui, par ses hommes et par ses ressources, s’est orienté très tôt vers l’économie moderne. Sa population a connu une croissance rapide: elle s’est accrue d’environ 700 000 personnes entre 1960 et 1981 (forte immigration). La première moitié des années 1980 a été marquée par une nette diminution du nombre d’habitants, qui n’a été rattrapée que très lentement dans les dernières années de la décennie. Parmi les régions les plus industrialisées d’Espagne, le Pays basque bénéficie d’un des plus hauts niveaux de développement du pays. Entre les chaînes pyrénéenne et cantabrique, il apparaît comme un vaste ensellement où les massifs paléozoïques disparaissent (Cinco Villas à l’est, Asturies à l’ouest) et laissent la place à un ensemble plissé de roches sédimentaires d’âge secondaire, dont les sommets se situent entre 1 000 et 1 500 mètres (le mont Aitzgarri culmine à 1 544 m). L’érosion intense du versant atlantique y a dégagé des formes structurales où dominent les escarpements de calcaire urgonien (plis-failles) et les cuestas. La côte, rocheuse et fortement influencée par la structure, est indentée de nombreuses rias (Bilbao, Guernica, Pasajes) qui abritent une intense vie maritime. Le climat océanique, doux et humide (plus de 1 mètre de pluie par an sur le versant nord), a favorisé la prairie, les cultures fourragères et l’élevage, où dominent les bovins. Malgré leur petite taille, les exploitations, souvent dispersées (caseríos ), sont modernes. L’activité industrielle prime ici de très loin: la conjonction de ressources naturelles, d’une tradition manufacturière, de relations commerciales avec l’Europe du Nord-Ouest et d’un capitalisme entreprenant a fait du Pays basque un des foyers industriels de l’Espagne moderne: ses plus grandes sociétés ont une dimension nationale, voire internationale. Dominé par la métallurgie fondée sur l’extraction du fer et l’importation du charbon (anglais puis asturien), le Pays basque fournit à la fois des biens d’équipement et intermédiaires (aciers, papiers, ciments, chimie) produits par les industries lourdes des complexes portuaires du littoral, tandis que l’industrie de transformation est surtout le fait de petites villes manufacturières alignées en chapelet dans les vallées longitudinales ou transversales. Sur le versant méridional, plus sec et plus froid, la province d’Álava, plus agricole (céréales et ovins) et moins industrielle, a une population moins dense et un seul grand centre urbain, Vitoria, sa capitale (200 000 hab. en 1990); celle-ci, située à un carrefour très fréquenté, est un pôle industriel important. Sur le versant cantabrique, la Biscaye concentre l’essentiel de ses activités dans le complexe de Bilbao, où dominent les industries de base (sidérurgie) et le couloir de l’Ibaizabal (Durango). Dans le Guipúzcoa, au contraire, le paysage industriel est celui des vallées montagnardes où se suivent les cités industrielles (métallurgie de transformation, textile et papeteries). Sur la côte, la ria de Pasajes et la baie de la Concha (San Sebastián) sont deux centres très actifs: la première grâce à la pêche et aux industries, la seconde grâce aux activités balnéaires qui animent la capitale de la province (175 500 hab. en 1990). La forte présence de l’industrie concentrée dans les secteurs de base a rendu la région particulièrement vulnérable aux effets de la crise industrielle du début des années 1980. Le Pays basque a été une des régions les plus affectées d’Espagne. La reprise a par ailleurs été plus modeste ici qu’au niveau national, et ce en raison des difficultés de reconversion.La partie française du Pays basque, beaucoup moins étendue que la partie espagnole (moins de la moitié occidentale du département des Pyrénées-Atlantiques), présente des traits géographiques différents, mais une communauté de langue, de coutumes et de nationalisme. Le relief est aussi varié et morcelé: petits massifs calcaires gréseux ou cristallins peu élevés mais difficilement franchissables (passage de Roncevaux) dans une structure complexe qui traduit l’abaissement progressif des Pyrénées vers l’ouest. Des formes traditionnelles d’agriculture et d’élevage persistent dans un cadre de moyenne montagne humide, dominée par l’arbre, l’herbe et la lande à fougères. Les efforts de modernisation (coopératives, maïs, lait de brebis) se sont heurtés à la petite taille des exploitations et aux difficultés de communication. L’intérieur se dépeuple, et les villes n’y sont que des bourgades industrielles (Mauléon) ou des lieux de passage (Saint-Jean-Pied-de-Port), tandis que la côte, animée par la pêche, le tourisme et l’industrie, s’est développée en une aire urbaine linéaire, dont fait partie l’agglomération Bayonne-Biarritz (160 000 hab. en 1990). Saint-Jean-de-Luz, important port de pêche, voit sa rentabilité assurée par la capture estivale de thon. La Côte d’Argent, rocheuse et battue par la houle, jouit d’une réputation balnéaire depuis le second Empire, et les constructions touristiques sont nombreuses (Biarritz, Guéthary). À l’embouchure de l’Adour, le port de Bayonne s’est développé grâce à l’exportation du soufre et du gaz de Lacq ainsi que du maïs béarnais.
Encyclopédie Universelle. 2012.